Alors que ses parents tentaient de lui inculper de bonnes manières avec toute la dignité et la dureté dont ils étaient capables pour faire d’elle une épouse respectable qui ferait la fierté de son mari, Wendy rêvait d’aventures et de combats. Elle se souvient encore des moments de joie pure qu’elle avait lorsqu’elle racontait, plus encore ; vivait, des histoires où de féroces pirates tentaient de tuer le héros, dans sa chambre…

Elle était aux côtés de ses deux frères, sous l’œil peu vigilant de leur « nourrice », Nana, et rien ne pouvait parvenir à les calmer. Elle bondissait de lit en lit, une épée en bois dans la main alors qu’elle luttait ardemment contre John, qui tenait le rôle du cruel Crochet. « Tiens, prends ça, brigand des mers ! ». Leurs fausses lames s’entrechoquèrent en un bruit mat et ils avancèrent tous deux leurs visages l’un vers l’autre en braillant des menaces de mort. « Tu es vieux, Crochet ! Tu vas perdre, alors rends-toi, maintenant ! » « Jamais ! » Wendy s’écarta et para une nouvelle attaque, avant de riposter à son tour. Michael sauta, à ce moment-ci, d’un lit en hurlant un cri de combat et tomba sur le dos de son grand frère. Tous deux s’écroulèrent dans une mêlée joyeuse et les lèvres de la jeune fille tremblèrent, alors qu’elle tentait en vain de retenir un sourire amusé. Puis, soudain, la lourde tête de Nana se releva, avant que la chienne ne se redresse entièrement et ne se dirige en courant vers la fenêtre, grattant contre la vitre de ses grosses pattes. Toutefois, personne ne fit attention à elle, ni à ce qu’elle venait de voir. Pourtant, ce fut la première à apercevoir Peter Pan.

Wendy avait toujours su raconter de belles histoires, c’était son truc. Et même si elle était sûre qu’un jour, elle vivrait quelque chose de semblable, elle ne pensait pas que cela se passerait aussi tôt. En fait, non, soyons honnête, si elle y réfléchissait bien, elle ne pensait pas que quoi que ce soit se passerait, un jour. Ses parents, très droits et stricts, avaient presque réussi à la convaincre que seul un avenir confortable l’attendait, rien d’autre. Et pourtant, munie d’une aiguille et d’un fil noir, elle était là, assise dans sa chambre, à recoudre une ombre à un jeune garçon, qui avait l’étonnante et la merveilleuse capacité de voler ! Bon. Ombre recousue ? Fait ! Elle fit un petit nœud, coupa le fil, et alla ensuite ranger son matériel, tandis que Peter Pan s’envolait et testait le résultat de cette « haute couture ». Il esquissait des gestes grotesques que la silhouette sombre sur la tapisserie reproduisait avec vivacité et Wendy l’observait mi- amusée, mi- fascinée. Elle savait qu’elle tenait devant elle la solution de tous ses problèmes. Elle n’aurait plus jamais à craindre de grandir. Plus de mariage arrangé, plus de boulot ennuyeux à venir, plus de parents en colère sur le dos. Peter lui donnait la possibilité de goûter à la liberté. Et ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait aisément refuser. C’est de cette façon qu’elle s’envola pour Neverland. Elle apprit à voler, avec ses frères, à l’aide de pensées heureuses et de la poudre de fée de Clochette, et tous ensembles, ils quittèrent la chambre pour rejoindre Neverland, où elle vécut des histoires, là-bas, dignes de toutes celles qu’elle avait bien pu raconter dans son enfance. Elle rencontra des sirènes, des pirates, les Enfants Perdus ; elle vécut des choses que tout enfant ou même adolescents rêverait de vivre, à seulement seize ans. Mais, n'était pas rose non plus.. En effet, l'arrivée des enfants Darling à Neverland avait attiré les foudres de la fée Clochette et ils se retrouvent tous prisonnier de Neverland, tout comme les adultes que Clochette avait fait venir sur l'île.