J'avais deux ans. Deux petites années quand mes parents sont morts. Je savais à peine marcher et dire « gazou » et j'ai perdue ma famille. J'ai été déposé un soir par ma tante dans un orphelinat et je suis restée à peine un mois puis j'ai été adopté par la famille Hawdon. Mon premier prénom, Beth, mêlé à celui qu'on m'a donné chez eux, Lexia. Mais maintenant tout le monde m'appelait par mon nom de famille, Stevens. Qui suis-je ? J'avoue que je ne le sais pas moi même. Mon passé, mes deux premières années, ne sont que des souvenirs minces et lointains. J'ai l'impression de vivre depuis cent ans. Normal, quant-on vit à Neverland.

Vous vous demandez sûrement comment je suis arrivée là ? Moi aussi parfois je me demande si c'est vraiment vrai. Si je n'ai pas rêvé et je ne vais pas me réveiller. Ma vie n'est pas un rêve, non, mais pas un cauchemar non plus. Neverland c'est une belle vie si vous saviez. Mais je m'égare, le début. J'avais douze ans quand tout a commencé. Douze ans c'est jeune n'est ce pas ? Moi aussi je trouve, je n'avais même pas commencé la puberté. Bref, c'était un soir d'été, je m'occupais de mes deux petites soeurs, elles aussi adoptées, Kiara et Rose. J'étais la plus grande et mes parents m'avaient demandés de les emmener au parc, près de la Tamise. J'aimais ce fleuve, il me manque. C'était le calme incarné, je pouvais réfléchir près de lui. Et ce soir là, j'avais eu besoin de réfléchir. A mes parents plus précisément, j'ai donc fais confiance à mes sœurs et les ai laissées au parc pendant que je descendais le chemin vers le fleuve. Posée sur l'herbe je regardais la rive en face de moi, les yeux dans le vide.

C'est là que je l'ai vu pour la première fois. Yeux noirs, cheveux noirs, tout noir. Au début je croyais qu'il était de mon imagination, il ne parlait pas, il me fixait juste. J'avais beau tourné la tête, son regard revenait toujours sur moi. Il semblait plus vieux que moi, je n'avais que douze ans et je lui en donnais au moins seize ans. Il avait ce regard, profond, méchant que je ne comprenais pas au début. Intriguée, je me suis décidée à partir, retrouver mes petites soeurs laissées au parc, et quand je me suis levée, un bateau est arrivé.

Je me souviendrais toute ma vie de cette arrivée, effrayée, j'étais tombée par terre mais on m'avait rattrapé. C'était justement ce garçon, celui qui était sûr la rive d'en face il y avait à peine une seconde. Je n'ai pas compris ce qui c'est exactement passé à ce moment. Un homme beaucoup plus âgé est descendu du bateau. Je ne vous ai pas encore parlé du bateau n'est ce pas ? Énorme, très beau, tout droit sortit d'un rêve, pourtant, ce jeune homme m'a poussé dessus, et je me suis retrouvée devant un homme grand, puissant, Capitaine. Il m'a regardé pendant quelques temps et j'ai juste entendue un petit « Stevens ». Je ne savais pas comment il connaissait mon nom de famille, mon véritable nom de famille. Mes parents adoptifs m'avaient tout dit de mon passé il y avait déjà deux ans, et je savais donc mon véritable nom. Mais je ne comprenais pas comment lui pouvait le savoir. Et je n'étais pas le genre d'enfant, calme. Je me suis détachée de celui qui me tenait et j'ai regardé cet homme dans les yeux... « Comment savez vous mon nom ? » Tout le monde sur le bateau c'est retourné vers moi, les yeux horrifiés. Je ne savais pas à l'époque qu'on devait respecter le capitaine. « Ton père. Je l'ai tué. Alors on l'embarque et on repart. » Ce fut bref, trois phrases pour le détesté pour l'éternité. « Alors pourquoi m'emmenez vous avec vous ? Laissez moi descendre ! Je vous ordonne de me laissez descendre ! » Une erreur ? Oui je venais d'en commettre une. Mais je ne le savais pas. « Il faudra que tu apprennes à accepté les ordres et à savoir qu'on ne donne pas d'ordres à son capitaine. » « Vous n'êtes pas mon capitaine ! Vous êtes un kidnappeur ! Laissez moi descendre ! » Mais il ne répondit pas. Il partit et je restais seule pendant que sur le pont, tout le monde retournait à leur occupation. C'est ainsi que je suis arrivée sur le bateau du Capitaine Crochet.

La vie a pourtant continuée. Je me suis fait une place sur ce bateau malgré mon âge, douze ans seulement. J'étais sûrement la plus jeune parmi eux, mais pas la plus mauvaise. J'ai vite appris les coups d'épée, me défendre par les mots, et surtout me faire respecter. Au fur et à mesure, une carapace c'est construite autour de moi. Je ne parlais pas beaucoup, sauf à Jones. Jones c'est le jeune homme qui m'a emmené sur le bateau et c'est aussi lui qui m'a tout apprit. Il m'a aussi expliqué qu'avant que je n'arrive, il était le plus jeune sur le bateau, et j'avais bien deviné, il avait seize ans. Je fus directement amie avec lui, malgré qu'on ne se le dise pas clairement. Nous étions plus le chat et la souris, nous nous courions après sans jamais savoir s'arrêter, nous transgressions les lois ensembles, et nous nous racontions nos vies sous les étoiles après que sur tout le monde sur le bateau soit entrain de dormir.

Ainsi pendant dix ans, j'appris à être avec eux, à vivre avec des hommes, parce que niveau femme il n'y avait pas grand-monde. Et puis lors d'un tempête, sûrement très violente, nous nous sommes perdus dans les eaux. Je ne me souviens pas de cette nuit, tout simplement parce je suis tombée violemment sur la tête et que j'étais évanouie.

Lorsque je me suis réveillée, nous n'étions plus à Londres. Nous n'étions plus sur Terre, je le savais. Ici ça ne sentait pas pareil, j'avais l'impression d'être arrivée dans un nouveau monde. C'est une nouvelle fois Jones qui m'a retrouvé. Lui aussi avait vieilli, il avait maintenant vingt-six ans. Mature, gentil avec quoique que parfois très énervent je fus soulagé de le voir vivant, malgré son expression sur son visage qui ne me signalait rien de bon.

Le verdict est tombé, nouveau monde, Neverland, où nous ne vieillirons jamais. Le travail de pirate reprit alors. Puisque je dois raconter mon histoire autant que vous le sachiez vous. Ne le répétez pas surtout. Jones et moi ça faisait bien longtemps que ça durait, notre amitié bien sûr, mais depuis que j'avais atteint les quinze et lui vingt-un ans, nous avions fini un soir, par nous embrassés secrètement. Bien sûr que les relations ne sont pas interdits sur le bateau, mais il fallait mieux éviter de le crier sur tous les toits, aussi nous avions notre technique. Le jour ennemi juré, s'envoyant l'un l'autre des pics, la nuit, on se retrouvait dans l'une des chambres et nous pouvions vivre ensemble. Ce fut ainsi pendant cinq ans, cinq années ou nous nous cachions, et nous dupions tout le monde.

Au bout de cinq années, le bateau se posa sur la rive et nous partîmes à l'aventure tous les deux. Nous découvrions une cascade et nous nous fiancions en dessous. Malgré ce secret, malgré que l'on risquait gros si nous n'arrêtions pas le jeu maintenant, je ne put dire que oui... Parce que j'aurais voulu me battre contre l'amour, mais qu'il fallait me croire assez faible pour ne pas réussir...

Voilà donc deux ans que nous étions fiancés. Sauf que depuis quelques temps, il y a pire que le fait que nous soyons ensemble, fiancés, il y a un bébé. Oui et ça je n'ai pas osé le lui dire. Je sais pas comment le lui dire, et pas qu'à lui. Un mariage ça se cache, l'amour aussi, mais un bébé ça grossit, cela vous fais devenir une planète. Et j'ai bien peur que la vérité va éclater au grand jour. Je sais que ça ne fait pas très longtemps, il me reste encore neuf mois pour avouer... Mais je ne veux pas être chassé sur bateau, je ne veux pas non plus que la faute retombe sur Jones...