Enfin seul ! Ou pas... [ Alexia ]

Les escales sur la terre ferme permettaient aux pirates de réapprovisionner le navire. Une fois que la cale était pleine de vivres, le capitaine avait coutume de laisser à ses hommes le loisir de vagabonder sur l'île pendant quelques heures. Ils étaient libres d'y faire ce que bon leur semblait, seuls ou accompagnés. Cette fois là, Wilhelm avait décidé de s'isoler un peu pour profiter d'un moment de calme. Son faucon sur l'épaule, il avait donc pris la direction de la plage. Il savait qu'il risquait de croiser des indiens et des enfants perdus mais il ne s'en souciait guère. Ils ne lui faisaient pas peur et, puisqu'il n'avait l'intention que de s'étendre dans le sable, ils n'auraient rien à lui reprocher.

Il avait mis un petit moment à trouver l'endroit idéal où s'installer. Il s'agissait d'un petit coin d'ombre situé à l'abri des regards où, pensait-il, personne ne risquait de venir le déranger. Avant de s'assoir, il avait encouragé le rapace qui était posé sur son épaule à prendre son envol. Onia avait bien plus de chance de trouver de quoi se nourrir ici qu'en mer et il souhaitait qu'elle conserve ses aptitudes de chasseuse. Une fois seul et certain d'être en sécurité, il s'était autorisé à fermer les yeux pour mieux profiter des bruits de la nature.

Étendu sur le sable chaud, il aurait pu finir par s'endormir si quelque chose n'était pas venu le perturber. Feuilles qui crissent, branches qui craquent... pour son plus grand malheur, quelqu'un était en train de le rejoindre. Il ne s'agissait pas d'un de ses camarades, qui aurait pris la peine de s'annoncer, ni d'un indien, car les peaux rouges étaient en général beaucoup plus discrets. Il ne restait donc qu'une seule possibilité...

- Je pense qu'il serait préférable que tu ailles jouer ailleurs.

Il avait prononcé cette phrase sans même se donner la peine de soulever ses paupières, convaincu qu'un gamin isolé ne prendrait pas le risque de l'attaquer alors que son sabre pendait à sa ceinture.

Si certains auraient profité de l'occasion pour assassiner l'un des amis de Peter Pan afin de se faire bien voir par Hook en réduisant l' " armée " de galopins contre laquelle il luttait farouchement, le jeune homme n'avait pas l'intention d'agir de la sorte. Pas de violence inutile, il souhaitait juste qu'on le laisse tranquille...

J’avais décidé d’aller me balader un peu et puis, pour une fois, le ciel était un peu dégagé. Il avait arrêté de pleuvoir depuis la veille au soir, ce qui était une bonne chose. On pouvait enfin profiter du soleil. Cette histoire avec Clochette avait pris trop d’ampleur et le pire, c’était que Peter ne semblait pas trop s’en rendre compte. Le contraire m’aurait étonnée ! Il adore trop plaire aux filles qu’il ne voyait pas que Clochette, bien que c’était une fée, était complètement amoureuse et tout le monde le savait. Tout le monde sauf Peter lui-même !

Je disais donc que je me baladais dans l’ile jusqu’à ce que aperçoives des pirates. Je me fis bien sur toute petite pour éviter qu’ils ne me voient. Je n’avais aucune envie de me faire capturer et amener devant Crochet. Je vis qu’Andrew était avec eux et lorsqu’il se tourna dans ma direction, je me cachais immédiatement derrière un buisson. Il ne manquait plus qu’il vienne me voir celui-là. Je pris le risque de regarder à nouveau et pour mon plus grand soulagement, il s’était remis à porter un sac. Je devais comme même avouer qu’il n’était pas trop mal. Je secouais la tête. Non Alexia ! On ne flashe pas sur un pirate, même s’il a de magnifiques yeux, des lèvres tentantes et … STOP !

Je reportais mon attention ailleurs. Je fis bien car là, un pirate attira mon attention. Il était à l’écart des autres et je pouvais clairement voir le médaillon qu’il portait avant de s’allonger sur le sable. Je l’avais vu sur une peinture d’une ancêtre chez mes grands-parents maternels. Du côté de ma mère, j’étais infaillible niveau histoire de la famille. Remarque, grand-père aussi ! Je me faufilais tout en jetant de temps en temps un œil aux autres pirates pour aller voir l’autre avec qui j’allais surement avoir une conversation. Je n’avais encore rien dit qu’il parla le premier alors qu’il avait les yeux fermés :

Whilem : - Je pense qu'il serait préférable que tu ailles jouer ailleurs.

- Qui a dit que je voulais jouer ? Vous êtes qui ?

J’étais un peu directe car je ne m’étais pas présentée mais je voulais d’abord avoir son nom avant. Qui sait ? Peut-être qu’il avait un lien avec ma famille ou alors, il avait volé ce pendentif à mon ancêtre en la séduisant quoiqu’Alexandrina Sawkins avait été réputée pour avoir été une épouse fidèle.

C'était une voix féminine qui lui avait répondu, sur un ton assez autoritaire qui l'avait fait sourire. Les enfants perdus étaient réputés pour leur entêtement. Tous ne savaient pas bien manier une arme mais en général, lorsqu'ils avaient quelque chose en tête, ils ne l'avaient pas ailleurs.

Conscient qu'il ne pourrait pas se reposer tranquillement s'il se contentait d'ignorer l'inconnue, Wilhelm avait ouvert les yeux et relevé légèrement la tête pour pouvoir la regarder. Vue son allure, elle ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans mais il aurait préféré avoir affaire à un individu plus jeune. Les adolescents étaient de loin les plus coriaces des galopins de l'île...

- Wilhelm.

Quelques secondes après s'être présenté, il avait laissé sa tête retomber sur le sable.

- Maintenant que les présentations sont faites, me feras tu le plaisir d'aller enquiquiner quelqu'un d'autre ?

Les pirates étaient rarement très polis mais l'inconnue avait de la chance : Wil' était l'un de ceux qui avaient le plus de manières.

Constatant que son interlocutrice ne décampait pas, il s'était adressé à elle sur un ton un peu plus menaçant.

- Ne me force pas à me lever, tu pourrais le regretter.

Il ne la tuerait certainement pas mais il pourrait lui laisser un petit souvenir qui la dissuaderait de recommencer à tenir tête à un adulte armé dans le futur...

Il releva un moment la tête pour donner seulement son prénom : Wilhem. Wilhem, Wilhem … Ce prénom m’était familier. Où l’avais-je entendu ? Argh ! Je ne savais plus mais vu qu’il avait fait l’effort de se présenter, je fis même :

- Alexia Grimson !

Il laissa sa tête retomber sur le sable. J’essayais toujours de me souvenir où j’avais entendu ce prénom jusqu’à ce que j’eus un flash-back : mon grand-père me racontant l’histoire de la grand-mère Alexandrina Sawkins et il avait parlé d’un fils du nom de Wilhem qui avait disparu en même temps que le médaillon. Et comme le médaillon de ce pirate était à l’identique de celui du tableau et qu’il s’appelait Wilhem, je me demandais si c’était mon arrière (etc) grand oncle.

Wilhem : - Maintenant que les présentations sont faites, me feras tu le plaisir d'aller enquiquiner quelqu'un d'autre ?

- Hum … Je ne pense pas trop !

Il fallait que je saches si c’était lui. L’inconvenant, c’était un pirate et en général, à Neverland, les pirates n’étaient guère aimables, encore moins avec les Indiens et les Enfants Perdus. Sauf peut-être ceux qui venaient de familles nobles et anciennes. Ou qui ont eu une éducation stricte mais centrée sur les bonnes manières, comme Crochet. Ah celui-là, dés qu’il pouvait faire son « mais moi j’ai été à Eton », il ne se gênait pas. Enfin, dans le livre. Je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer la vieille morue.

Wilhem : - Ne me force pas à me lever, tu pourrais le regretter.

Il avait prononcé ces mots avec un ton un peu plus menaçant mais c’était loin de me faire peur. J’avais une arme quoique on ne pouvait pas vraiment appeler ça une arme : la connaissance et la mémoire !

- Pourquoi ? Vous aviez prévu autre monsieur Sawkins ?

Je lui fis un sourire comme j’avais l’habitude de faire à mes proches. De plus, le ton de ma voix était doux et calme. S’il était celui que je pensais, ça voudrait dire que j’avais un pirate dans ma famille.

Wilhelm n'avait prêté qu'une attention très limitée à la présentation de la jeune fille. Pour être tout à fait honnête, il se fichait bien qu'elle s'appelle Jane, Gertrude ou Mary.

En revanche, son insolence commençait à l'agacer sérieusement. Il avait voulu éviter de la violenter mais apparemment, il aurait mieux fait d'opter pour la manière forte pour la faire déguerpir.

Lorsqu'elle l'avait appelé par son nom, il s'était brusquement redressé pour pointer la lame de son sabre sur son ventre.

- Qui t'a donné mon nom ?

Il n'était plus un voleur en fuite mais il n'aimait pas pour autant que son identité circule au sein du camp ennemi. Après tout, il ne savait pas ce que Peter Pan et ses acolytes seraient capables d'en faire...

Sa question n'avait pas encore eu de réponse quand un de ses collègues pirates, qui le cherchait peut-être, était apparu dans son champ de vision. Vif, il avait entraîné l'adolescente à sa suite dans un petit bosquet avant de s'accroupir avec elle et de plaquer une main sur sa bouche pour l'empêcher de faire du bruit.

Il ne voulait pas que sa pause soit troublée par une seconde personne ni et encore moins être aperçu en train de converser avec une gamine. Une fois qu'il avait été sûr que l'adulte avait disparu, il avait permis à son interlocutrice de se redresser et il avait repris leur conversation là où ils l'avaient arrêtée.

- Alors ?

Il avait un don pour savoir quand les gens lui mentaient, il était donc inutile qu'Alexia se risque à essayer...

Je le vis se redresser et pointer le bout de son épée sur mon ventre. Inutile de dire que là, mon cœur fit un bons. J’avais sous-estimé sa réaction mais bon, on ne sait jamais comment ça réagir un adulte, encore moins un pirate.

Wilhem : - Qui t'a donné mon nom ?

J’allais répondre lorsque l’un de ses comparses s’est fait entendre. Aussitôt; mon supposé arrière grand oncle m’attrapa par le bras, m’entraina derrière un petit bosquet où ile nous fit nous accroupir et plaqua sa main sur ma bouche. Tout avait été vite et mon cœur battait encore vite. Ça m’énervait encore plus mais je pris une profonde respiration pour tenter de me calmer. Au bout d’un moment, il finit par retirer sa main. Je me redressais un peu mais je restais assise par terre, jambes croisées. Heureusement que j’avais mis un t-shirt avec la jupe de mon uniforme et des leggins noirs.

Wilhem : - Alors ?

Il avait ce regard qui disait « si t’as le malheur de mentir, tu vas avoir de gros problèmes ! ». Le même que ma mère. Je fis une petite grimace rien qu’à me souvenir de ça. Ma mère me faisait peur parfois quand elle avait ce genre de regard mais venant d’un illustre grand-oncle, pirate qui plus est, c’était pire ! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir une famille pareille moi ?

- Je le connais parce que j’ai une lointaine grand-mère du Londres du 15éme siècles qui avait le même médaillon que toi et un fils qui s’appelait Wilhem mais qui a disparu mystérieusement en même temps que le médaillon. Mes grands-parents maternels ont un tableau où grand-mère Alexandrina le portait !

Je ne savais pas si je devais continuer sur ce que je savais sur ma famille de ce époque mais il était sans doute préférable que je me taise un peu. J’avais toujours tendance à parler comme une pie une fois que je commençais à parler histoire. Je ne sais pas pourquoi mais j’étais à présent tout à fait calme et sereine alors que je devrais plutôt m’inquiéter. J’espère qu’il était là quand mon arrière-(etc) grand-mère s’est mariée parce que dans la famille de mon grand-père, ils ont eu que des garçons jusqu’à la naissance de ma mère et depuis c’est que des filles. Et mon grand-père avait eu la bonne idée d’appeler ma mère comme ma grand-mère du 15 émes siècles : Elizabeth Flemming.

Il avait fallu que Wilhelm menace son interlocutrice avec sa lame pour qu'elle le prenne enfin au sérieux. Il s'était attendu à ce qu'elle lui fournisse une réponse un peu étrange mais celle qui était parvenue à ses oreilles lui avait fait froncer les sourcils. Grand-mère ? Quinzième siècle ? Portrait ? Il lui avait fallu quelques instants pour comprendre qu'elle insinuait qu'ils appartenaient à la même famille et ce sous entendu ne lui avait pas plu du tout.

Il avait néanmoins jeté un œil sur le médaillon qu'il portait autour du cou. Cet objet ne l'avait pas quitté depuis des années, depuis que... depuis que quoi, en fait ? Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne se souvenait pas de la façon dont il se l'était procuré mais bien évidemment, il ne comptait pas faire part de cette curieuse constatation à sa vis à vis.

- Tu dois faire erreur gamine. Qui que tu aies vu sur ce tableau, ce n'était pas moi.

Sans se départir de son air menaçant, il avait rangé son sabre dans son fourreau avant de faire volte face et d'amorcer un mouvement pour s'éloigner. C'était à ce moment qu'il avait eu une sorte de flash. Des images qui avaient quitté son esprit depuis bien longtemps étaient revenues s'y installer, des images floues et peu nombreuses mais qui semblaient donner du crédit à la thèse de l'adolescente.

Quelque peu décontenancé, il s'était immobilisé sur le sable. Quand il s'était enfui de chez ses parents, il avait complètement coupé les ponts avec les membres de sa famille. Il n'avait jamais su ce qu'étaient devenus ses membres et il ne s'était absolument pas attendu à le découvrir un jour.

Alexia avait su attiser sa curiosité mais son ancienne vie lui paraissait si lointaine qu'il hésitait à poursuivre la conversation.

- En quelle année es tu née ?

Il était facile de perdre toute notion du temps à Neverland. Des gens de tous les pays et de toutes les époques y séjournaient et il espérait que cette information l'aiderait à remettre un peu d'ordre dans ses idées....

Wilhem : - Tu dois faire erreur gamine. Qui que tu aies vu sur ce tableau, ce n'était pas moi.

Là, il m’avait mal comprise. Ce n’était pas lui que j’avais vu sur le tableau mais sa mère. Apparemment, le fait de rester depuis trop longtemps à Neverland lui avait fait perdre un peu la mémoire. Voilà pourquoi j’écrivais dans mon journal afin de ne pas oublier d’où je venais et quelle avait été ma vie avant de venir ici. A force de lire le livre sur Peter, je savais ce qui m’attendait en venant ici. Même si je n’avais pas prévu venir un jour ici, j’avais toujours un journal sur moi où je pouvais y mettre mes pensées, étaler ma vie.

Heureusement pour moi, il avait fini par ranger son épée dans son fourreau avant de commencer à s’en aller. Quoi ? C’est tout ? Je lui dis qu’on est sans doute de la même famille et lui il se casse !Mais je le vis s’arrêter soudainement. Qu’est-ce qu’il avait ?

Wilhem : - En quelle année es tu née ?

- Le 23 juillet 1996 ! Actuellement, si je me trompe pas, on vient de passer en Février 2013 ! Pourquoi ?

Peut-être qu’il commençait à me croire ! J’avais pris l’habitude depuis mon arrivée ici à continuer le calendrier. Je ne voulais rien oublier même si c’était en fait le principe à Neverland. Tout à coup, mon regard fut attiré par l’autre. Merde ! Il ne fallait pas qu’il me voit. Wilhem allait sans doute m’en vouloir mais je voulais en savoir un peu plus sur lui et avec l’arrivée non désirée d’Andrew, ça tombait mal. J’attrapais mon arriére oncle en l’entraînant dans notre cachette de tout à l’heure mais un peu plus loin, juste derriére entre un gros buisson et un arbre. Rapidement, je lui fis signe de ne rien dire en lui montrant d’un geste de la tête vers Andrew pour lui faire comprendre le pourquoi de ma réaction. Quand Andrew fut parti, je pris la parole mais sur un ton bas.

- Désolée mais j’avais pas le choix. J’ai trop de question en tête !

Wilhem avait ouvert des yeux ronds en entendant la réponse de sa vis à vis. Quatre siècles ?! Voilà qui lui faisait prendre un sacré coup de vieux ! Il s'était attendu à ce que du temps se soit écoulé entre son départ de sa famille, sa vie avec les voleurs et son arrivée à Neverland mais il n'avait jamais imaginé que des centaines d'années le séparaient à présent de tout ce qu'il avait connu. Troublé, il s'était laissé entrainer à l'abri du regard d'un autre de ses collègues par Alexia sans protester.

Une fois que le pirate avait eu disparu, il avait laissé échapper le seul mot qui lui était venu à l'esprit.

- Wow...

L'adolescente disait avoir des questions à lui poser mais il ne pourrait pas lui être d'un grand secours car le plus gros de ses souvenirs d’antan avait disparu.

- J'ai bien peur de ne pas pouvoir y répondre.

Il s'était interrompu durant quelques secondes puis, pour que son interlocutrice ne s'imagine pas qu'il refusait de converser avec elle, comme c'était le cas au début de leur entrevue, il avait ajouté :

- Le monde qui m'a vu naître m'est aujourd'hui étranger.

Il avait oublié qui il avait pu être, qui il avait aimé et ce qu'il avait vécu. Certains détails lui reviendraient peut-être mais il était fort probable que son passé lui soit désormais et à jamais inaccessible.

Dans quel état était la Terre en 2013 ? Une fois encore, sa curiosité avait pris le pas sur la rivalité qui aurait du l'opposer à la demoiselle :

- Comment était le tien ?

» Entraînement | PV. Alexia
» Petite absence (enfin, ça dépend des points de vue)
» Alexia Grimson - une fille perdue et alors ?

Enfin seul ! Ou pas... [ Alexia ]

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