« Thaïs ! Vas-t'en ! » La voix de ma mère résonne encore au milieu de cet apocalypse là où habituellement règne le calme. Des cris déchirants résonnent partout autour de moi, chacun essayant de s'en sortir en nageant le plus vite possible vers la vie sauve. J'aurais voulu dire que j'ai tout tenter pour sauver mes parents de ce flux de produits toxiques. Au moins quelqu'un, n'importe qui, une gosse, un vieux, peu importe. Si j'avais tendu la main à quelqu'un j'aurais peut être pu le sauver. J'étais rapide et c'est ce qui m'avait sauvé la vie mais j'avais été égoïste, je m'étais sauvé sans même jeter un regard derrière moi. Parti comme un lâche abandonnant famille et amis à une mort certaine. Je savais que ma réaction avait été parfaitement naturelle que toutes les sirènes avaient fait la même chose mais je m'en voulais de m'en être si bien sorti.

Tout ça s'était passé il y a près d'un demi siècle. Les humains devenus fou ne cessaient de polluer chaque jour un peu plus leur bel océan détruisant du même coup toutes ses merveilles. Leur peuple tenu à l'écart avait jusqu'ici été préservé mais à l'aube de ses cent ans, un bateau de passage comme tant d'autre avait déversé son contenu en pleine mer, là où son peuple vivait depuis la nuit des temps. La substance hautement toxique ne mit pas longtemps à agir, son simple contact provoquaient d'affreuses brûlures et si on avait le malheur de l'inhaler ou l'avaler, la mort ne mettait que quelques secondes à vous rattraper. Fuyant devant ce spectacle d'horreur, j'avais nagé jour et nuit. Sans m'arrêter ni me retourner. À quoi bon ? Tout ce que j'avais connu avait disparu. Alors j'ai nagé, nagé, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce que mes nageoires me fassent mal, jusqu'à n'en plus pouvoir. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait m'attendre au bout du chemin et alors que je me croyait définitivement perdu et seul je trouvais Neverland. Ou peut être est-ce même Neverland qui me trouva.

Tout était nouveau pour moi. Moi qui avait toujours cru que notre peuple était le seul et que je finirais condamner à errer seul au fond de l'océan voilà que j'étais entouré de nouveaux visages. Reprenant peu à peu de mon hardiesse naturelle et poussé par la curiosité, je ne mis pas long a m'intégrer à ce nouveau groupe. Mais au milieu de toutes ces sublimes créatures l'une d'entre elle attira particulièrement mon attention : la piquante Calliopée. Alors qu'elle a doucement envahi mon cœur pour y prendre toute la place, elle ne m'a jamais vu que comme un ami proche sans même avoir conscience des sentiments qu'elle avait fait naître en moi. Sa fascination pour les pirates a tendance à m'agacer en particulier pour l'un d'entre eux et même si ce n'est plus un secret depuis longtemps, rien n'y fait. Il a fallu que de toutes ce soit elle qui me résiste encore et toujours, mais je ne suis pas prêt de m'avouer vaincu.