Il faisait encore nuit sur le pont. Et contrairement à beaucoup, je ne dormais pas. Enfin, j'étais totalement seule pour tout dire. Et c'était chose rare. Qu'il n'y ait personne sur le pont. A croire qu'aujourd'hui était jour de trêve et que Peter Pan et ses amis les microbes ne viendraient d'office pas nous titiller les baskets. Ce n'était pas plus mal. J'avais mon lot de désolation en ce moment. Voilà plusieurs semaines que je n'avais pas touchée à une parcelle de chair de sirène, et comme un drogué à son ectasie, j'étais quelque peu en manque. Oui, si les sirènes n'avaient que très peu d'effet sur les femmes avec leur chant étrange, il n'empêchait que leur goût était tout aussi puissant. Sauf que le petit plus, c'est qu'il ne vous envoyait pas au fin fond de l'océan, en repas pour elles. Non, c'était elles votre repas. Une divination sans nom. Tout ça pour dire que j'avais faim. Et comme j'étais de garde cette nuit - totalement idiot d'être de garde en somme, les enfants perdus n'avaient jamais attaqué (et encore c'était un grand mot) le bateau sans faire le moindre bruit, ils hurlaient comme des tarés - et à moins de me curer les ongles, manger était la seule chose plutôt paisible à faire en cette heure tardive. Ou matinale, à voir.

J'allais donc chiper un peu de poisson péché ce matin dans le grand large avant de regagner mon point d'écoute. Sur le côté droit de notre cher Navire. Pour cela, on pouvait dire que le Capitaine Hook pouvait être fière de son petit. Un navire pareil, on n'en voit pas souvent. Et je peux vous dire que j'en avais vu des bateaux. Avant d'atterrir à Neverland, je passais de bateau en bateau, de groupe de pirate à d'autres. Sans réellement trouvé ma place. Oh, je ne dirais pas qu'ici j'avais trouvé de quoi être heureuse, ma place. Mais j'étais coincée, sans retour en arrière possible, ou en tout cas, je n'en avais encore jamais trouvé jusqu'ici.

Je poussais un soupire. Décidément, la vie s'acharnait sur moi. Jusqu'à présent, je n'avais jamais vécu dans l'opulence, l'amour et ce genre de truc idiot que certain pense qu'il faut avoir pour mener une vie parfaite et sans soucis. Blague. De la force, de la répartie et du sang froid, sans sentiments, voilà ce qu'il fallait pour survivre. Et dieu que je l'avais déjà éprouvé. J'étais paré à tout. Sauf au manque de chair de sirène. Je bourgeonnais dans mon coin. Madre, j'en avais envie. Oui, capricieuse, et alors. J'suis sur que lui, il n'en avait jamais goûté d'abord. Pff, il ratait quelque chose. Alors que je m'adossais au bastingage, j'entendis un bruit, un eu loin devant moi, et comme il faisait noir, je ne voyais quasiment rien. Je me relevais d'un coup. “ Qui est là ? ” Mon arme à la main, je me préparais à entrer en combat. Voilà ce qu'il me fallait pour me distraire.