J’ai vu le jour le 25 août 1927, un jour de pluie, dans l’eau du lagon des sirènes de Neverland, on me déposa dans un coquillage et ceux qui avaient été mes parents avaient disparu mystérieusement. Je ne les avais jamais connus, ils m’avaient abandonnée et personne n’avait jamais su qui ils étaient. Mais je savais que je ne les rechercherais jamais, non seulement je pourrais être déçue de voir ces lâches qui m’avait laissée, livrée à moi-même.
Cela ne m’a jamais gênée, donc je ne vais pas m’attarder là-dessus étant donné que je n’ai jamais été malheureuse. J’ai toujours eu ce qu’il fallait, sans pour autant qu’on ait pitié de moi et ça, c’était parfait ! J’ai quelques amis mais je ne suis pas la sirène la plus populaire et ça n’a jamais été comme ça. Je préfère nager seule, pour éviter qu’on essaye de me faire la conversation et que je puisse chanter comme bon me semble. Jusqu’au jour où ma croissance s’arrêta, le jour de mes vingt-cinq ans, ce fut un jour comme un autre et c’est là que je me rendis compte que j’aurais la même apparence jusqu’à la fin de ma vie. J’en étais plutôt satisfaite. J’aimais conquérir le cœur des hommes, notamment celui de mes semblables pour éviter les soucis du genre « j’aime un pirate ». Pourtant, ceci ne dura qu’un temps. Forcément, quand je voulais limiter les dégâts… ça allait toujours à l’inverse de ce que je souhaitais.
Une nuit, je vis un navire prendre feu lorsque j’observais ce qui se passait à la surface. Je nageais aussi vite que je le pouvais et arrivais dans les trente secondes sur le lieu du désastre. Je m’apercevais alors, que je m’étais approchée de trop près d’un bateau pirate. J’étais trop effrayée pour bouger, j’avais peur qu’un d’eux ne me capture. C’est vrai, j’aurais pu me nourrir d’eux sans hésiter, mais je n’étais pas comme ça. Je n’aimais pas profiter du malheur des autres, c’était stupide. Un pirate me hélait, il m’appelait pour que je le sauve. Or, je n’étais pas du genre à sauver les pirates, ni à les laisser mourir dans d’atroces souffrances. Mon côté gentil prenait alors le dessus, j’allais vers lui. Il était magnifique : de grands yeux bleus, des cheveux d’une couleur claire que je ne pouvais pas bien discerner. Blond peut-être. Je me perdais quelques instants dans son regard pendant qu’il s’accrochait à un morceau de bois pour ne pas couler. Je le tirais par le bras, et il me laissait faire, il avait entièrement confiance en moi. J’étais sûre qu’il ne me ferait pas de mal, je ne voyais aucune arme sur lui, celle qu’il avait, avait probablement touché le fond. Je nageais vers la terre ferme, puis il grimpait dessus. Il était si beau… Bien que je ne sois pas assez bête pour faire ami-ami avec un pirate, j’avais envie qu’il m’appartienne et qu’il ne me quitte plus jamais. Je savais que ce n’était pas possible. Soudain, j’entendis un coup de feu, dont je vis se dessiner la trajectoire dans notre direction. Je le tirais dans l’eau pour qu’il esquive le coup. Pourtant, je sentis cette odeur de fer, je me contenais pour ne pas le dévorer. C’était dur de résister à la tentation… Je nageais encore pour le mettre à l’abri, le déposais à nouveau sur la terre. Il ne voyait que moi, il était absorbé par moi. Je prenais appui sur la terre et versais une larme sur la plaie. Je n’avais encore jamais fait ça pour un humain, encore moins pour un pirate…
Une cinquantaine d’années plus tard, il se passa un évènement étrange, on vit des humains arriver en masse sur l’île. Mais d’où venaient-ils et pourquoi ? Il y avait des rumeurs comme quoi Clochette était en colère contre Peter et qu’elle avait cherché à se venger. Elle semblait avoir réussi mais j’espérais échapper à sa colère, contrairement aux innocents qui avaient atterris là…