L’ouest sauvage américain… La fureur de la Ruée vers l’Or… Ou la grandeur de cette époque tellement connue dans l’histoire comme étant celle des Western. Tout comme son soleil mortellement cuisant et son sable envahissant, il ne reste, dans la tête de Sélyna, de cette vie qu’une montagne de poussière aride et volatile auquel on ne prend même plus attention.
Epoque riche et joyeuse pour notre charmante adolescente de l’époque. Si son sang ne se voulait pas royal, il ne s’en voulait pas moins noble pour autant. Son nom de famille avait une grande valeur sur les terres de l’Oncle Sam et, bien malheureusement pour Sélyna, cela symbolisait autant d’avantages que d’inconvénients. Oui, elle pouvait se vanter de richesse. Elle pouvait se vanter d’être chouchoutée et traitée comme une princesse, d’avoir tout ce qu’elle souhaitait. Mais, en dehors de ça, elle était condamnée à une vie d’arrangement et d’obligation au nom de la bonne noblesse. Faire preuve de bonne conduite, de savoir vivre et de protocole. Accepter que son destin soit lié maritalement à celui d’un inconnu qui ne l’intéressait ni d’Eve, ni d’Adam. Être enchainée dans sa cage dorée, purement et simplement…
Telle est la raison pour laquelle le destin, aussi imprévisible que malicieux, décida d’intervenir d’une façon relativement tonitruante et, pour le moins, sanglante. Les traversées des grands déserts de l’ouest étaient loin d’être sécurisées, ni même recommandée. Courageux étaient les âmes partant à dos de cheval et autres diligences. Courageux avait été la famille de Sélyna pour se rendre d’une côté à l’autre d’une telle manière. Mais stupide et déraisonnée avait été leur choix. La cupidité attire la convoitise. La convoitise éveille les plus bas instincts. Et les plus bas instincts entrainent le pire qui soit. Notre belle et innocente Sélyna venait de fêter son dix-septième anniversaire et, sans qu’elle le sache, elle avait fêté cette fête pour la toute dernière fois. Sept… Oui, ils étaient sept. Sept cavaliers, sept bandits qui ne laissèrent derrière eux qu’une Sélyna aux abords du gouffre de la mort et une famille entièrement décimée. Est-ce le genre de vie qu’avait à jamais souhaité notre jeune adolescente ? Bien sûr que non ! Elle n’avait rêvé que d’une longue vie. D’une longue vie où elle pourrait se libérer de ses contraintes, de ses obligations. Sentir le vent et le parfum de la liberté tout en faisant le souhait majestueux de ne jamais en vieillir !

Sept jours d’errance. Sept jours dans le désert à se mourir à petit feu. La chaleur déshydratait peu à peu son petit corps et notre charmante créature était sur le point de dépérir d’une façon ultime. La faim, la soif, la fatigue… Son cœur battait encore, son esprit demeurait conscient et, pourtant, elle tomba au sol. Ses yeux se refermèrent pour laisser le sommeil l’emporter. Un sommeil qui aurait pu s’avérer funeste mais qui ne résonna que d’avantage comme la véritable délivrance à jamais souhaiter. Oui, lorsque notre Sélyna rouvrit ses yeux, ce n’était plus un désert aride qui lui faisait face mais une jungle verdoyante d’une fraicheur sans pareille. Beauté, magnificence, perfection. Cela ne pouvait être qu’un rêve ou une forme de paradis pour une mort qu’elle n’avait tout bonnement pas senti…
Rencontrant rapidement la bande de ceux que l’on nommait les ‘Enfants Perdus’, Sélyna mit du temps avant de se rendre compte qu’elle n’était pas morte et que, par la plus grande des magies pouvant exister en cet univers, son souhait le plus cher et le plus profond avait été réalisé en se réveillant ici. Le Pays Imaginaire ? Un nom tout aussi étrange que convenant parfaitement à cette île hors du commun. Il y avait tout ce dont on pouvait rêver : pas de vieillissements ! Terres riches en trésors et en aventure. Aucune autorité à laquelle réellement obéir. Aucune décision symbolisant une entrave à la volonté d’agir selon notre bon vouloir. Des indiens, des pirates, des sirènes et même de la féerie aux allures mystiques. Oui, de quoi pouvait-on rêver de mieux si ce n’est l’ampleur d’une telle richesse ? Une richesse qui ne se voulait certainement pas matérielle. Une richesse que Sélyna du mettre du temps à en comprendre tout l’enjeu. Mais, et surtout, une richesse qui veut que jamais ne votre esprit n’en vienne à souhaiter le départ de cette île merveilleuse !
Sélyna ne pourrait très certainement jamais oublier toutes ces folles aventures insensées auprès de tous ses camarades. Chaque matin, chaque réveil était mû par la création d’un nouveau jeu lancé par ce cher Peter Pan la plupart du temps. Et, lorsque ce n’était pas le cas, alors Sélyna improvisait une chasse au trésor, une enquête mystérieuse ou une nouvelle bataille de pirates ou de traques d’indiens avec certains de ses compagnons dans le seul et unique but de s’amuser. Plus espiègle que jamais, elle se libérait de jour en jour et, malgré ses dix-sept longues années pouvant mettre en avant une certaine ‘vieillesse’ chez les ‘Enfants Perdus’, elle ne s’en voulait pas moins enfantine que ses autres compagnons. Innocente, joueuse, farceuse. Oui, finalement, la vie ici n’était qu’une immense farce. Une farce hautement dépendante et enivrante !

Sans vous en rendre compte, les années passent. De nouvelles rencontres se font, de nouveaux liens se tissent et, au détour d’une simple journée comme les autres, votre regard s’enflamme et votre cœur s’embrase. Sélyna avait craqué pour une des nouvelles ‘Enfants Perdus’. Une sorte de coup de cœur, de coup de foudre on ne peut plus réciproque. Mais, ce qu’on ne dit pas, c’est que chez des enfants où l’insouciance règne en maître, la fidélité n’est perçue que comme une contrainte gênante qu’il n’est nul besoin de respecter. Une fidélité à laquelle tenait pourtant notre chère Sélyna mais qui fut trompée purement et simplement avec plusieurs de ses autres camarades. Autant dire que, sur l’instant, cela n’avait eut l’effet que d’une violente claque dans la figure. Peut-être était-elle trop adulte pour ce genre de choses, pour avoir de tels principes. En tout cas, c’est ce qui lui fut reprocher par son pseudo coup de cœur !
De rage, Sélyna quitta la tanière des ‘Enfants Perdus’ et s’isola dans un coin reculé des plages de Neverland. Endroit de solitude, endroit de calme et d’apaisement… Sauf quand votre route croise celle des pirates ! Oui, se voulant un peu trop imbibé de rhum, certains hommes du Crochet interrompirent l’isolement désiré de Sélyna et, vu leur état plus qu’émêché, se mirent en tête de profiter de l’occasion pour faire plaisir au Capitaine ! Chacun de ses garnements, chacun de ses foutus gamins pouvant faire une nouvelle recrue potentielle ou un excellent repas pour les poissons n’était pas à négliger ! Et même s’ils s’avéraient saouls, nos matelots avaient alors plus de pratique et de hargne que notre charmante Sélyna. Combien d’années s’était-elle soustraite à son ancienne cage dorée ? Allez savoir ! Mais, au final, c’est comme si sa liberté n’avait été que provisoire pour regagner une toute nouvelle prison.
Arrivée à bord du Jolly Roger, notre vieux poisson pourri préféré se perdit dans sa traditionnelle offre de rédemption : abandonner Peter et l’idée même d’être un ‘Enfant Perdu’ ou bien passer à la planche, par-dessus bord, afin d’offrir un petit divertissement à l’ensemble de l’équipage. En temps normal, chacun des pirates aurait pu prédire la réponse traditionnelle de tout enfant de cette île de malheur. Mais, Sélyna brisa les codes. Elle avait eu trop de peine, trop de rage et trop de colère envers certains d’entre eux qu’elle préférait vieillir et se retrouver en compagnie de personnes un poil plus responsables. L’esprit embrumé, elle accepta l’offre du forban et signa directement son embauche au sein du Jolly Roger. Plus d’éternité, plus d’enfance perpétuelle. Sélyna brisa l’absence de vieillissement en devenant une adulte à part entière. Et, étrangement, c’est ce qui lui parut le meilleur choix possible sur le moment même.

Aujourd’hui, trois années plus tard, autant avouer que la grande décision de notre amie perd en volonté. Le temps passe mais, ce n’est pas totalement ce qui l’effraie ou la rebute. Non, Sélyna s’est surtout rendu compte du massacre gratuit des pirates, de leur malfaisance et de la pourriture les gangrénant tous au plus profond d’eux-mêmes. Et autant dire que cela a de quoi pencher dans la balance ! D’autant plus lorsqu’elle doit assister à la mort d’un Enfant Perdu, juste sous ses yeux, sans avoir pu, ni même pouvoir, le sauver. Sans doute est-ce l’une des principales raisons pour lesquelles elle déteste toujours autant Crochet. Mais son sort est scellé et elle ne pourra jamais revenir en arrière. Telle est certainement sa pire erreur sur l’île ! Mais qu’importe, notre Sélyna n’est pas à pleurer sur son sort. Les choses sont ce qu’elles sont et elle continue tout simplement de s’en accommoder. Car, en fin de compte, elle est toujours sur cette île paradisiaque. Elle continue de vivre son rêve et, même si tout n’est pas parfait, cela vaut toujours plus que son ancienne vie !